Alors que Washington a annoncé la fin du Statut de safety temporaire (TPS) pour les Haïtiens à compter du 2 septembre 2025, le Conseil présidentiel de transition, dirigé par Fritz Alphonse Jean, demeure muet face à cette décision qui menace l’avenir de plus d’un demi-million de compatriotes.
Quatre jours après l’annonce du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis (DHS) mettant fin au Statut de safety temporaire (TPS) pour Haïti, le silence du Conseil présidentiel de transition (CPT), présidé par Fritz Alphonse Jean, inquiète. Aucune déclaration officielle, aucune demande de moratoire, pas même une observe de solidarité à l’égard des Haïtiens concernés par cette mesure. Un mutisme qui tranche avec l’urgence et la gravité de la scenario, alors que selon la loi, la présidence est le premier responsable de la diplomatie haïtienne.
Pourtant, ce sont plus de 500 000 ressortissants haïtiens vivant sous le régime du TPS qui se retrouvent aujourd’hui menacés de déportation s’ils ne disposent pas d’un autre statut légal pour rester aux États-Unis. Ces femmes, ces hommes et ces familles, intégrés dans la société américaine, risquent de voir leur vie basculer dans quelques semaines, à partir du 2 septembre 2025, date d’expiration du programme selon les nouvelles directives du DHS.
La diaspora haïtienne joue un rôle essential dans l’économie nationale grâce aux transferts d’argent envoyés vers Haïti. Chaque année, des milliers de membres de la diaspora soutiennent leurs proches en contribuant aux dépenses essentielles telles que le loyer, la scolarité ou l’alimentation.
Le paradoxe est d’autant plus saisissant que Fritz Alphonse Jean avait bénéficié du soutien actif de la diaspora haïtienne pour accéder à la présidence du CPT. Lors du Sommet de l’unité haïtienne en Louisiane, aux États-Unis, les délégués des accords politiques présents avaient unanimement désigné l’économiste comme président provisoire d’Haïti. Aujourd’hui, cette même diaspora, qui fait face à une crise migratoire imminente, semble abandonnée par le pouvoir qu’elle avait contribué à mettre en place.
La fin du TPS intervient dans un contexte particulièrement critique pour Haïti. Le pays fait face à une crise sécuritaire sans précédent : territoires sous contrôle des gangs, familles déplacées par milliers, effondrement des establishments étatiques. L’arrivée large de déportés pourrait aggraver une scenario déjà chaotique, alors que le CPT peine à instaurer un climat propice à la tenue d’élections générales d’ici fin 2025. Rappelons que la mission de l’actuel Conseil devrait s’achever en février 2026.
Face à ce risque imminent, beaucoup s’interrogent sur l’inaction du gouvernement haïtien. Pourquoi aucune démarche diplomatique n’a-t-elle été entreprise ? Pourquoi ce silence alors que les vies de centaines de milliers de compatriotes sont en jeu ?
Du côté américain, la Secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, justifie la fin du programme par une prétendue amélioration des circumstances environnementales en Haïti, permettant selon elle un retour « en toute sécurité ». Les autorités américaines invitent les personnes concernées à utiliser l’software CBP One pour organiser leur départ volontaire, tout en précisant que certaines voies légales restent ouvertes, notamment en matière d’asile ou de résidence permanente.
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