La résolution adoptée vendredi soir par six membres du Conseil Présidentiel de Transition dont les trois Conseillers-présidents inculpés met en grande difficulté le processus de transition.
En effet, six membres du CPT ont décidé de révoquer le Premier ministre Garry Conille à travers une résolution, en dehors du décret du 27 mai 2024 déterminant l’organisation et le mode de fonctionnement du CPT en son article 37, en date du 8 novembre 2024 après plus d’un mois de conflit entre le chef du gouvernement et l’actuel Coordonnateur du CPT, Lesly Voltaire qui avait clairement annoncé en septembre dernier dans les couloirs des Nations-unies que des têtes vont tomber.
L’article 37 du décret susmentionné stipule qu’ « en cas de présomption grave, de corruption dûment constatée ou de déficit de gouvernance documenté et présenté par l’OCAG, le Conseil Présidentiel met fin aux fonctions du Premier ministre par la présentation par celui-ci de la démission de son gouvernement ». Ni l’OCAG ni l’Assemblée bénévole des 9 secteurs n’a toujours pas été mis en place par le CPT plus de 6 mois après sa prise de fonction.
Après plusieurs rencontres, des échanges de correspondances, les représentants des deux têtes de l’exécutif n’ont pas réussi à mettre de côté leurs égos pour mettre en avant les intérêts supérieurs de la nation, bloquant ainsi la marche de la transition. Cet exécutif bicéphale réclamé à cor et à cri par la classe politique n’a pas su mesurer l’ampleur des défis auxquels fait face le pays, au contraire il a ajouté une crise dans la crise multiforme qui gangrène la nation.
Depuis plus de six mois, en dépit des promesses du premier Coordonnateur du CPT, Edgard Leblanc Fils, et du Premier ministre Garry Conille pour récupérer les territoires contrôlés par les gangs armés et stopper leurs avancées avec le soutien de la communauté internationale, rien n’a été fait pour améliorer la scenario sécuritaire du pays, l’une des priorités de cette transition.
Les principales missions de cette transition — la lutte contre la violence des gangs, la révision constitutionnelle, l’organisation de la conférence nationale, la mise en œuvre des programmes sociaux, le relèvement de l’économie et l’organisation des élections —, du practice où ça va, risquent d’être ratées. Les luttes intestines et la bataille pour le pouvoir ont eu le dessus, reléguant le peuple, dans ses calamités, au second plan.
Les acteurs de la communauté internationale, dont les États-Unis, la France, la Caricom et les Nations-Unies, entre autres, qui ont consenti des efforts pour aider la classe politique et la société civile haïtienne à mettre en place ce processus de transition, vont-ils cautionner le fait que des conseillers présidentiels inculpés dans un scandale de corruption décident, à travers une résolution qui n’a aucune pressure de loi, de freiner la marche de cette transition qui devrait aboutir, selon la feuille de route, dans 15 mois avec l’investiture de nouveaux élus?
En attendant la remise en marche du processus de cette transition qui, dans un élan patriotique et dans des views de développement sturdy, devrait être la dernière dans l’histoire politique du pays, le constat est amer : les territoires continuent d’être conquis par les gangs armés, les cas de kidnapping sont en nette augmentation, les routes sont délabrées, plusieurs hundreds of thousands de personnes sont en insécurité alimentaire, les villes sont insalubres, les déplacés internes vivent dans des camps de fortune dans des circumstances infrahumaines… Les problèmes restent entiers.
À lire aussi :
Rencontre entre le ministre de l’Éducation et l’ambassadeur de France en Haïti pour définir de nouveaux axes de coopération