Nesmy Manigat clarifie quatre grandes questions éducatives dans son numéro intitulé”Lekti Dominikal”


Nesmy Manigat clarifie quatre grandes questions éducatives dans son numéro intitulé »Lekti Dominikal »

À travers sa rubrique traditionnelle #LektiDominikal sur ses pages de réseaux sociaux de ce dimanche 14 septembre 2025, l’ancien ministre de l’Éducation nationale Nesmy Manigat, a livré un plaidoyer détaillé en réponse à quatre grandes interrogations : le fameux “lekòl kraze” déclaration publique de l’actuel ministre Augustin Antoine, la suppression des examens Sètifika-Reto, la place du créole dans l’école haïtienne, et la mise en œuvre du nouveau curriculum 2024-2054.

Dans une vidéo, il a non seulement apporté des précisions mais aussi donné des exemples pour illustrer la transformation de l’école haïtienne.

1. « Lekòl kraze » : une école importée du XIXe siècle à déconstruire

Selon Nesmy Manigat, lorsqu’on entend dire que « lekòl kraze », il ne s’agit pas de la disparition de l’éducation en Haïti, mais bien de l’effondrement d’un modèle importé du XIXe siècle, conçu pour former une petite élite davantage préparée à servir ailleurs qu’en Haïti. Il rappelle que cette école a très peu évolué et a longtemps fonctionné comme un instrument de sélection sociale plutôt que comme un outil d’émancipation collective.

Il félicite à ce sujet le ministre actuel de l’Éducation, Augustin Antoine, « qui a eu le braveness de poursuivre le chantier des quatre nouvelles matières de 2023 désormais obligatoires aux examens officiels de la 9ème année fondamentale ». Pour Manigat, cette décision qu’il a prise par voie de circulaire en juin 2023, vise à former des citoyens capables de réflexion critique, qui ne se limitent plus à réciter ou à copier-coller, mais qui apprennent à analyser les problèmes de leurs quartiers, bidonvilles, villes et territoires, afin d’élaborer eux-mêmes des options locales sans attendre l’aide extérieure.

« Déconstruire cette école héritée du XIXe siècle est une situation nécessaire pour bâtir une école haïtienne du XXIe siècle », insiste-t-il.

2. Suppression du Sètifika-Reto : un choix de cohérence avec la Structure

Sur l’élimination des examens traditionnels du Sètifika et du Reto, Manigat a mis au défi ses détracteurs : « Qu’on me cite un seul pays au monde qui organise deux épreuves d’État, qui certifie deux fois les compétences des élèves durant le cycle de scolarité obligatoire et du secondaire! ». Ces examens relèvent d’une époque révolue de sélection des élites au lieu d’une école du succès pour tous.

Il a rappelé que la Structure de 1987 a porté la scolarité obligatoire de six à neuf années. L’épreuve finale devait donc logiquement être déplacée à la fin de la 9e année fondamentale. Maintenir deux examens (Sètifika et 9è AF) constituait, selon lui, une aberration, qui ne faisait que créer des échecs artificiels et traumatisants pour des milliers d’élèves.

« Supprimer ces examens injustes, ce n’est pas fragiliser l’école, c’est au contraire la renforcer en donnant à chaque élève une vraie probability de progresser, pourvu qu’il ait des enseignants qualifiés avec un permis d’enseigner et que se tiennent les évaluations diagnostics nationales, tels que prévu dans les 12 mesures », explique-t-il.

3. La langue créole : d’un “coup d’État linguistique” au multilinguisme assumé

Nesmy Manigat est revenu sur un reproche souvent entendu à son encontre : celui d’avoir commis un « coup d’État linguistique » en augmentant le coefficient du créole haïtien dans les examens de la 9e AF, en le plaçant au même niveau que le français, et en l’intégrant jusqu’au baccalauréat.

Pour lui, il s’agissait d’une correction historique : « Haïti ne peut plus se limiter à offrir une éducation bilingue créole-français. Il nous faut construire une école multilingue, qui s’appuie sur le créole comme socle, tout en introduisant l’espagnol et l’anglais dès les premières années, compte tenu de notre géographie et de nos échanges régionaux. »

Il plaide aussi pour que les productions littéraires, musicales et scientifiques en créole fassent partie intégrante de la tradition scolaire et des examens officiels. Citant le groupe ZAFEM, il estime que « la créativité en créole doit entrer dans nos épreuves du baccalauréat, pour que l’école valorise la richesse linguistique et culturelle du pays ».

4. Le curriculum 2024-2054 et les quatre nouvelles matières : un tournant concret*

Le quatrième level abordé par Manigat concerne le nouveau curriculum 2024-2054 et l’introduction des quatre nouvelles matières : Éducation à la citoyenneté (EC), Technologie et Activités productives (ETAP), Éducation esthétique et artistique (EEA), et Éducation physique et sportive (EPS).

Il a expliqué que ce changement ne se limite pas à des contenus nouveaux, mais traduit un virage pédagogique : passer de la « pédagogie par objectifs » (centrée sur la mémorisation) à l’approche par compétences, qui prépare les élèves à mobiliser leurs savoirs dans des conditions réelles.

Pour illustrer ce virage, il a cité l’exemple de l’artiste Annie Alerte, qu’il considère comme un exemple des quatre matières, même si elle n’est pas un produit de cette école mais plutôt une précurseure :
Éducation à la citoyenneté (EC) : par son engagement dans des actions concrètes dans le Nord-Est et le Sud d’Haïti,
EPS : par son esprit sportif, sa self-discipline et son picture de jeune femme en bonne santé physique et mentale,
EEA : par sa contribution au renouvellement de l’industrie musicale haïtienne,
ETAP : à travers ZILE manufacturing, un projet de création locale ancré dans la chaîne de valeur haïtienne.

Il a aussi donné l’exemple du lycée method agricole de Cance dans le cadre du curriculum du Nouveau Secondaire qu’il a généralisé en 2015, près des Cayes, où les élèves vendent déjà les récoltes points de leurs travaux pratiques. À terme, ces initiatives s’intégreront dans la Politique et Stratégie Nationale d’Alimentation Scolaire (PSNAS, 2015), qui vise d’ici 2030 à ce que 100 % des repas de cantines scolaires soient issus de produits locaux.

Une école nouvelle pour un pays nouveau

Nesmy Manigat a réaffirmé que ces changements ne sont pas synonymes d’un « lekòl kraze », mais bien d’une déconstruction-reconstruction.

« Le XXIe siècle a commencé pour notre système éducatif. Nous devons cesser de craindre la fin d’une école qui ne formait que des élites déconnectées. L’école nouvelle, à travers le curriculum 2024-2054, vise à bâtir une Haïti souveraine, inclusive et prospère, où chaque enfant doit apprendre à réfléchir dans sa langue, à innover, à produire et à contribuer », a-t-il martelé.

Nesmy Manigat clarifie quatre grandes questions éducatives dans son numéro intitulé"Lekti Dominikal"

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