En Haïti, le 4 août 2025 restera marqué par une triple secousse : un enlèvement collectif glaçant à Kenscoff, la fermeture précipitée de l’ambassade américaine à Port-au-Prince et un tremblement de terre au soir tombé. Ce « lundi noir » illustre l’effondrement d’un pays livré aux gangs, à l’indifférence diplomatique et à la terreur sismique. Récit par Nancy Roc.
Dès les premières heures du jour, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre : neuf personnes, dont une missionnaire irlandaise, un enfant handicapé de trois ans et sept employés haïtiens, ont été enlevées dans leur sommeil au sein de l’orphelinat Sainte-Hélène à Kenscoff, localité perchée au sud-est de Port-au-Prince.
Cette attaque, que les autorités décrivent comme « planifiée », a été menée sans un coup de feu. Les assaillants ont percé un mur pour pénétrer dans l’enceinte de l’organisation « Nos Petits Frères et Sœurs », avant de s’enfoncer dans le silence de la nuit avec leurs otages.
Le choc de Kenscoff : neuf vies arrachées
Parmi les kidnappés, Gena Heraty, missionnaire irlandaise vivant en Haïti depuis 1993, dirigeait les programmes pour enfants et jeunes adultes vivant avec un handicap. Connue et respectée pour son dévouement, elle était devenue une determine d’espoir dans une société en ruines. Dimanche matin, elle a pu brièvement confirmer par téléphone l’enlèvement avant que le silence ne retombe.
L’orphelinat Sainte-Hélène accueille près de 270 enfants, dont une cinquantaine en state of affairs de handicap. Il est l’un des rares sanctuaires encore debout dans une région déstabilisée par les violences de la coalition criminelle « Viv Ansanm ». Depuis plusieurs mois, Kenscoff est devenu un champ de bataille silencieux, où les forces de l’ordre peinent à contenir l’avance des groupes armés…ou est-elle complice ?
L’ambassade des États-Unis ferme ses portes
Comme pour enfoncer un clou dans une planche déjà fissurée, les États-Unis ont annoncé ce même lundi la fermeture temporaire de leur ambassade à Tabarre. Le personnel diplomatique a été confiné d’urgence en raison de tirs nourris à proximité de l’enceinte.
Dans un message publié sur X (ex-Twitter), le Département d’État a suspendu tous les déplacements officiels hors du complexe diplomatique, appelant la inhabitants à « éviter la zone ». Tabarre, à deux pas de l’aéroport worldwide Toussaint Louverture, est devenu l’épicentre d’une obscure de violences impitoyables. À chaque carrefour, la peur remplace la loi.
Parallèlement, au Brésil, l’étau judiciaire s’est brutalement resserré lundi sur l’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro, assigné à résidence avant même l’problem de son procès pour tentative présumée de coup d’État, où il encourt plus de 40 ans de jail.
Que dira Donald Trump, qui a promis de défendre son ami Bolsonaro, qualifiant l’enquête sur ce dernier de « chasse aux sorcières » ? Que dira l’Ambassade américaine en Haïti – restée silencieuse ce lundi ? Ou encore Marco Rubio, si immediate à dénoncer les dérives ailleurs, mais muet sur ce qui se passe ici, alors même que les États-Unis ont officiellement qualifié la coalition Viv Ansanm d’organisation terroriste ?
Gwo van, ti lapli, comme on dit en Haïti : de grands mots, peu d’actions. Automotive cette organisation ne fait que s’agrandir et s’étendre à travers le pays, avec des armes venues des États-Unis – particulièrement de la Floride – comme l’a révélé le Monetary Instances la semaine dernière dans un article alarmant intitulé “Haitian gangs threaten to topple last government stronghold”.
L’omniprésence de la menace sismique
Comme si le chaos humain ne suffisait pas, la nature elle-même a ajouté sa signature macabre. Ce lundi soir, une secousse sismique de magnitude 4,1 a secoué la région métropolitaine de Port-au-Prince. L’épicentre a été localisé à huit kilomètres à l’est de Pétion-Ville, non loin de la faille d’Enriquillo, responsable du séisme meurtrier de 2010.
Le frisson a parcouru les rues, déjà vidées par la peur des balles. Une panique sourde, un vertige nationwide. Un peuple frappé dans sa chair, dans son sol, dans ses fondements.
Silence, on tue
En l’absence de revendication pour l’enlèvement de Kenscoff, le silence est assourdissant. Au second d’écrire ce papier, le gouvernement de transition, déjà fragilisé, n’a fait aucune déclaration publique. La communauté internationale, tétanisée…ou indifférente, semble-t-elle aussi à courtroom de mots.
Quant à la inhabitants, elle se replie dans une forme de résignation douloureuse. « N ap viv, males nou pa viv vre », murmure un habitant de Laboule. Nous vivons, mais ce n’est pas une vie.
Que reste-t-il à espérer ?
L’orphelinat Sainte-Hélène n’était pas une cible au hasard. Les enfants y trouvaient encore un semblant de normalité, une éducation, des soins, de l’consideration. Leur enlever ce sanctuaire, c’est porter un coup deadly à la fragile idée d’avenir.
Les écoles ferment, les professeurs fuient, les ONG sont attaquées. Le tissu social se décompose sous nos yeux. Le kidnapping d’un enfant de trois ans en state of affairs de handicap n’est pas un easy fait divers : c’est un cri à la face du monde.
Ce lundi noir est un appel. Pas seulement à l’motion. Mais à l’humanité.
Nancy Roc, le 5 août 2025
Photograph Nancy Roc / par IA
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