L’ONU alerte sur une explosion de la violence en Haïti avec plus de 1 500 morts en trois mois.
Le deuxième trimestre 2025 a été l’un des plus violents de ces dernières années en Haïti. Selon un rapport du BINUH, 1 520 personnes ont été tuées et 609 autres blessées dans un contexte de violence extrême alimentée par les gangs armés, les groupes d’autodéfense et des opérations policières parfois abusives.
Les zones les plus touchées sont la capitale Port-au-Prince, le Bas-Artibonite et le Centre du pays. Le doc indique que les gangs ne se contentent plus de semer la terreur dans les quartiers qu’ils contrôlent : ils s’étendent vers l’intérieur du pays, imposant leur loi, enlevant, violant et assassinant en toute impunité.
Le rapport dénonce le bloodbath de 57 personnes à Petite Rivière de l’Artibonite, l’exécution de 15 vieillards à Wharf Jérémie, et l’assassinat de six membres d’une même famille à Pernier, dont quatre fillettes. Le recours aux violences sexuelles, notamment les viols collectifs, s’est accentué, avec 628 victimes recensées, dont des adolescentes retenues comme esclaves sexuelles.
À cela s’ajoutent 185 cas d’enlèvement et plus de 1,3 million de déplacés internes à la fin du mois de juin, une state of affairs humanitaire jugée critique par les Nations Unies.
Les groupes d’autodéfense et le mouvement « Bwa Kale » ont également commis des abus. 233 personnes ont été tuées par ces groupes, parfois accusées à tort d’appartenir à des gangs. À Petite Rivière de l’Artibonite, 55 civils ont été massacrés à la machette et brûlés lors d’un acte de « justice populaire ».
Le rapport accuse aussi la police et le commissaire du gouvernement de Miragoâne d’avoir procédé à des exécutions extrajudiciaires : 46 personnes auraient été tuées par des policiers, et 27 par le commissaire Jean Ernest Muscadin, dans un climat d’impunité totale.
Le recours aux drones explosifs, utilisés lors d’opérations contre les gangs, a fait 236 morts et 223 blessés, dont plusieurs civils. Dans un cas, deux femmes ont été tuées par erreur, l’une alors qu’elle vendait dans la rue, l’autre chez elle.
Malgré quelques avancées judiciaires, comme la création de pôles spécialisés pour juger les crimes de masse et les violences sexuelles, la majorité des dossiers sensibles, comme les massacres de La Saline ou l’assassinat de Me Monferrier Dorval, restent sans suite.
La corruption reste un mal profond. L’ULCC a soumis six nouveaux rapports d’enquête impliquant d’anciens hauts fonctionnaires. En jail, 82 % des détenus sont en détention préventive prolongée, et 62 personnes sont mortes faute de soins et d’alimentation.
Ce rapport confirme l’effondrement des establishments haïtiennes face à la violence. Il appelle à une réponse forte du gouvernement et un soutien worldwide accru pour la sécurité, la justice, la safety des droits humains et l’aide humanitaire.
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