Sous les arbres du parc Lafontaine, Montréal vibre au rythme d’Haïti en Folie pour une dernière journée de tradition, de mémoire et de fierté haïtienne
Montréal, 27 juillet 2025
Le soleil s’était invité dès le matin, comme pour bénir cette dernière journée de la 19e édition d’Haïti en Folie. Au parc Lafontaine, le temps semblait suspendu, bercé par les rythmes compas, les rires d’enfants, et l’odeur familière de griot, de bannann peze et de douce nostalgie. Fabienne Colas, la fondatrice du pageant, pouvait enfin souffler : son pari est réussi.
Partout, des familles s’étaient donné rendez-vous pour ne pas manquer cette ultime célébration de l’identité haïtienne à Montréal. On y croisait des jeunes en tresses colorées, des grands-mères au foulard noué serré, des enfants en practice de siroter des popsicles aux couleurs vives — vendus par des commerçants québécois séduits, eux aussi, par l’esprit du pageant.
Au détour des sentiers, des expositions faisaient renaître Haïti : photographs noir et blanc d’un Port-au-Prince révolu, toiles vibrantes de Jacmel, objets artisanaux rappelaient que la mémoire peut s’attraper du regard. Ce n’était pas seulement un événement culturel, mais un pont entre les générations, entre les origines et les nouveaux foyers.
« Ce que j’aime ici, c’est que tout le monde est là », confie Mireille (Nom fictif), Montréalaise d’origine haïtienne venue avec ses deux enfants. « On n’est pas juste entre Haïtiens, on est entre humains. »
Et c’est là toute la pressure du pageant : cette homogamie culturelle qui fait écho à l’âme même de Montréal, ville d’accueil, de mélange, de curiosité. Touristes et locaux s’y sont mêlés dans une fluidité presque naturelle, applaudissant les performances artistiques, partageant des plats ou un pas de danse.
En toile de fond, la sécurité. La Ville de Montréal, anticipant les foules importantes, avait mobilisé une présence policière seen mais discrète, veillant à préserver la fête sans l’étouffer. Aucun incident majeur n’a été rapporté.
À la tombée du jour, les projecteurs se sont éteints lentement. Les familles ont replié leurs couvertures de pique-nique, les artistes ont rangé leurs devices, les stands ont fermé leurs caisses. Et sur les visages, cette expression silencieuse de satisfaction qu’on reconnaît aux fins de chapitres réussis.
À l’an prochain, peut-être. Mais d’ici là, Haïti en Folie aura encore résonné comme une déclaration d’amour, une preuve que l’exil peut aussi rimer avec fierté, tradition et unité.
Par Christelle Pierre
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