Elles prennent les rênes: l’essor historique des femmes leaders des Caraïbes


Le 16 juillet 2025, Dr Jennifer Geerlings-Simons, âgée de 71 ans, a été investie en tant que première femme présidente du Suriname. Sa nomination a été saluée par la CARICOM comme un événement historique. Cette accession symbolise un basculement dans une région où plusieurs îles sont désormais dirigées par des femmes, rompant avec des décennies de domination masculine. Un essai de Nancy Roc.

De la Barbade à Anguilla, en passant par le Suriname et Saint-Kitts-et-Nevis, des femmes d’exception redéfinissent les contours du management régional. Leurs trajectoires diverses incarnent un basculement historique vers une gouvernance plus inclusive, ancrée dans les réalités sociales, environnementales et institutionnelles des Petites et Grandes Antilles.

Portraits croisés de femmes leaders

Dr Jennifer Geerlings-Simons – Suriname: l’expérience au service de la transition

Première femme à accéder à la présidence du Suriname en 2025, docteure Jennifer Geerlings-Simons est loin d’être une novice en politique. Présidente du Parlement durant près de dix ans (2010-2020), elle a marqué la scène politique nationale par son engagement en faveur de la justice sociale, de la parité et du développement sturdy. Elle déclarait en 2019: « Nous ne pouvons pas construire une démocratie fonctionnelle sans inclure les voix des femmes dans toutes les sphères du pouvoir. » [1]

Son accession à la présidence, dans un pays encore marqué par des tensions ethniques et économiques, a été saluée comme un sign fort d’unité nationale. Son parcours reflète une imaginative and prescient progressiste ancrée dans l’expérience parlementaire.

Mia Amor Mottley – Barbade : l’architecte d’un tournant républicain

Première ministre de la Barbade depuis 2018, Mia Mottley est aujourd’hui l’une des figures les plus respectées du management caribéen à l’échelle mondiale. Chief du Barbados Labour Get together, elle est aussi l’initiatrice de la transformation de la Barbade en république en 2021, mettant fin au rôle symbolique de la monarchie britannique. « Nous devons tracer notre propre chemin, en accord avec nos valeurs et nos aspirations », affirmait-elle lors de la cérémonie de proclamation républicaine [2].

Avocate de formation, Mottley est surtout reconnue pour sa diplomatie climatique. Lors du sommet COP26, elle lançait un vibrant plaidoyer : « Si nous n’agissons pas aujourd’hui, nous serons jugés par l’histoire comme ceux qui ont permis la disparition de nations entières. » [3] Son management audacieux allie souveraineté, justice environnementale et développement économique équitable.

Cora Richardson-Hodge – Anguilla: le braveness d’un nouveau modèle

Investie en 2025 comme première Première ministre femme d’Anguilla, Cora Richardson-Hodge incarne la montée en puissance des femmes dans les territoires  britanniques d’outre-mer. Juriste respectée et ancienne ministre de l’Éducation et des Affaires constitutionnelles, elle défend une réforme de la gouvernance locale axée sur la transparence et la durabilité. « Nous ne pouvons pas dissocier la gouvernance de l’inclusion. C’est en intégrant chaque voix que nous bâtirons un pays résilient », a-t-elle déclaré lors de son discours inaugural [4].

Sandra Mason – Barbade : la dignité d’un symbole républicain

Avant de devenir la première présidente de la République de la Barbade en 2021, Sandra Mason a exercé la fonction de gouverneure générale pendant trois ans.  Juriste de formation et ancienne juge d’appel, elle a incarné la continuité institutionnelle tout en ouvrant la voie à une nouvelle souveraineté. Lors de sa prestation de serment, elle affirma : « La Barbade se détache de son passé colonial, mais preserve sa dignité, sa stabilité et sa maturité politique » [5].

Son rôle, plus que protocolaire, a permis de stabiliser une période de transition politique inédite tout en consolidant l’identité nationale barbadienne.

Susan Dougan – Saint-Vincent-et-les-Grenadines : pionnière pour  l’éducation

Première femme à occuper la fonction de gouverneure générale de Saint-Vincent-et-les-Grenadines depuis 2019, Susan Dougan est une éducatrice de formation. Très impliquée dans la promotion de l’alphabétisation et du management des jeunes filles, elle a longtemps dirigé le service public de l’éducation. Elle déclarait récemment : « Les femmes doivent non seulement être éduquées, mais aussi visibles à chaque échelon décisionnel. » [6]

Son affect s’étend bien au-delà de la sphère protocolaire : elle est perçue comme une ambassadrice de la transformation sociale.

Dame Marcella Liburd – Saint-Kitts-et-Nevis: la pressure de l’équité

Investie gouverneure générale en février 2023, Dame Marcella Liburd est une ancienne ministre de la Santé, du Style et des Affaires sociales. Militante de longue date pour les droits des femmes, elle a été la première femme présidente de l’Assemblée nationale de son pays. Elle s’est illustrée par sa fermeté sur les principes d’équité : « Aucune démocratie ne peut être qualifiée de telle si elle ignore la moitié de sa inhabitants. » [7]

Son parcours, alliant rigueur juridique et militance sociale, illustre les ressorts d’un management féministe enraciné dans les réalités caribéennes.

Cynthia A. Barrow-Giles – Sainte-Lucie: la voix universitaire du changement

Professeure de sciences politiques à l’Université des West Indies, Cynthia A. Barrow-Giles est l’une des intellectuelles les plus respectées de la Caraïbe. Spécialiste des systèmes électoraux, elle milite pour la parité en politique et la réforme institutionnelle. Membre energetic de plusieurs missions d’remark électorale de la CARICOM et de l’OEA, elle a publié de nombreux travaux sur la sous-représentation des femmes. Elle déclare : « Tant que les femmes ne siégeront pas à la desk des décisions, nos démocraties resteront bancales. » [8] Son affect intellectuelle nourrit les agendas politiques de nombreux gouvernements de la région.

Elles prennent les rênes: l’essor historique des femmes leaders des Caraïbes

PHOTO IA par Nancy Roc

Un basculement historique

Si l’on devait résumer le climat politique actuel des Caraïbes, ce serait celui d’un archipel secoué par des vents de renouveau. Longtemps dominée par des élites masculines, la région voit émerger un management féminin inédit, fruit de crises successives, de mobilisations sociales et de l’évolution des mentalités. Les femmes arrivent au pouvoir non seulement parce qu’elles sont compétentes, mais parce que leurs valeurs et leurs priorités – justice sociale, climat, éducation – sont en section avec les besoins du second. Ce tournant culturel s’accompagne d’un soutien accru des organisations régionales et internationales, d’une volonté politique nouvelle, et d’une transformation des partis et de l’électorat.

Les défis structurels et politiques du pouvoir au féminin

Mais derrière l’enthousiasme, les obstacles demeurent. Les constructions politiques restent majoritairement patriarcales, et les femmes doivent souvent composer avec des résistances informelles, des attentes irréalistes et une exposition médiatique genrée. Le manque de financement, la pression à l’excellence, et l’absence de réseaux de mentorat ralentissent la consolidation de cette avancée. Gouverner dans des circumstances de crise, avec des moyens limités, ajoute au poids symbolique de leurs fonctions. Et pourtant, elles persévèrent, portant des réformes ambitieuses dans des environnements souvent hostiles.

Vers une gouvernance plus inclusive?

Malgré les défis, une dynamique profonde est en marche. Ces femmes ne se contentent pas d’occuper les fonctions : elles les redéfinissent. Elles réorientent les priorités politiques vers l’inclusion, l’équité et la justice climatique. Leurs politiques inspirent une gouvernance plus smart aux besoins des populations, et posent les bases d’un nouveau modèle caribéen. Un modèle où le pouvoir se partage, où les jeunes, les minorités et les femmes peuvent s’imaginer à leur tour décideurs. L’enjeu est désormais de pérenniser cette avancée, d’assurer la relève, et de faire en sorte que ces victoires ne soient pas des exceptions, mais la nouvelle norme régionale.

D’autres femmes, certes moins médiatisées, exercent également des fonctions de haut niveau dans les Caraïbes, dans des ministères, des chancelleries, ou au sein d’establishments régionales. Mais les personnalités évoquées ici en sont les figures de proue, les pionnières visibles d’un basculement majeur. Face à cette dynamique, Haïti fait tristement exception. Alors que plusieurs îles s’engagent sur la voie de l’égalité, la nation haïtienne demeure enfermée dans une construction politique rigide, monopolisée par des hommes. Depuis la chute de Duvalier, ce sont sept présidents – tous masculins – qui se sont succédé, en ouvrant  la voie à une seuke femme à la présidence – Ertha Pascal- Trouillot- ou à la untimely, avec Michèle Duvivier Pierre‑Loui. Une anomalie criante, qui souligne combien le changement est encore à conquérir dans cette république à bout de souffle. À l’heure où les Caraïbes se réinventent, Haïti semble figée, privée du souffle nouveau porté par ces femmes qui, ailleurs, prennent les rênes.

Nancy Roc, le 22 juillet 2025.

Notes et Références

  1. AP News. ‘Suriname elects its first female president’, 6 juillet 2025.
  2. Caricom.org. ‘Secretary-General congratulates Suriname’s first female president’, 16 juillet 2025.

  3. Facebook (Gouvernement d’Anguilla). Interview de Cora Richardson-Hodge, juillet 2025.

  4. TIME. ‘Mia Mottley, Earth Awards 2025’.

  5. Laidlaw Scholars Network. ‘The best leaders inspire action’.

  6. Searchlight.vc. ‘SVG to have first female governor general soon’, 23 juillet 2019.

  7. Wikipedia. ‘Cora Richardson-Hodge’.

  8. Wikipedia. ‘Dee-Ann Kentish-Rogers’.

  9. Wikipedia. ‘Mia Mottley’.

  10. Wikipedia. ‘Sandra Mason’.

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