Née à Jacmel et aujourd’hui installée en Suisse, l’artiste Hey Dona revient sur son parcours, ses influences et les défis de la création musicale en Europe, à l’event de la sortie de son nouveau titre « Keleke« .
Elle s’appelle Hey Dona. Née à Jacmel, cette artiste haïtienne à la voix chaude et à l’univers smart a toujours eu la musique au cœur. En réponse aux questions posées par la rédaction de Juno7, elle retrace son parcours, entre racines haïtiennes, exil en Suisse et renaissance artistique. Son dernier titre, Keleke, est une plongée poétique dans la mémoire collective haïtienne, un hymne au quotidien, à l’humour et à la joie de vivre des quartiers populaires.
« La musique n’est pas entrée dans ma vie, elle y a toujours été », confie Dona. Dès l’enfance, la musique était une présence constante, un jeu familial mené aux côtés de ses frères Médéric et Slonn, et de son cousin Journel. Ces moments de percussion improvisée, de chant spontané, ont forgé sa ardour. Influencée par des groupes emblématiques du rap créole comme Barikad Crew et Rockfam Lame A, Dona a nourri son oreille musicale au contact de textes forts et de rythmes percutants.
Ses débuts officiels dans le monde musical se font grâce à Pretans Dougé, fondateur du groupe 45 Troopers, qui lui offre ses premières scènes. Bien que contrainte de quitter le groupe à la demande de son père, Dona n’abandonne jamais la musique.
Aujourd’hui, c’est avec le morceau Keleke que Dona revient sur le devant de la scène. Véritable capsule sonore des rues de Jacmel, la chanson puise dans l’ambiance des quartiers haïtiens, entre conversations, surnoms, vendeurs ambulants et taquineries affectueuses.
« Keleke, c’est un mot que j’ai inventé. Il signifie pour moi ‘s’enjailler’, une vibe, une énergie qui donne envie de danser et de sourire », explique-t-elle. Le mot, répété en boucle dans le chorus, devient un mantra joyeux, une incantation à la fête.
Installée en Suisse, Dona reconnaît les difficultés d’intégration, mais aussi l’affect progressive de cette nouvelle tradition sur son artwork. Si son premier EP Versatile et Keleke restent profondément ancrés dans ses racines haïtiennes, les prochaines sorties pourraient bien refléter une fusion plus marquée entre son passé créole et son présent européen.
« Mon artwork est toujours un mélange de là d’où je viens et de là où je suis aujourd’hui », souligne-t-elle.
La scène musicale suisse, bien qu’inspirante, offre peu de visibilité aux artistes émergents dans des genres non classiques. Un constat que Dona partage sans détour : « Même quand on fait tout soi-même, ça ne suffit pas. On a souvent l’impression de chanter dans le vide. » Malgré les obstacles, elle proceed d’investir dans sa musique, portée par une volonté farouche de créer, coûte que coûte.
Si elle ne prévoit pas encore un album complet, Dona promet de nouvelles sorties dans les mois à venir, sous forme de singles ou d’un éventuel second EP. Des collaborations sont aussi en préparation, bien que leur nature reste encore mystérieuse.
« C’est un second de mouvement. Et si des artistes sont intéressés par mon univers, qu’ils n’hésitent pas à me contacter. Je suis toujours curieuse de nouvelles rencontres », conclut-elle avec enthousiasme.
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